Dans un mouvement stratégique vers la production locale de véhicules électriques (EV) en Afrique de l'Ouest, l'entreprise de véhicules électriques Spiro a récemment ouvert des usines d'assemblage au Bénin et au Togo. Ce développement marque un tournant significatif dans la promotion de la mobilité électrique sur le continent, alors que de plus en plus de pays africains prennent des mesures pour réduire la pollution de l'air et favoriser les transports durables.

Un contexte de pollution de l'air

La pollution de l'air est un problème majeur dans de nombreuses villes africaines. Le rapport mondial sur la qualité de l'air 2022 d'IQAir a révélé que des pays comme le Tchad et le Burkina Faso figurent parmi les plus pollués au monde. La majorité des véhicules importés dans ces pays sont des véhicules légers d'occasion, souvent polluants, ce qui contribue à une détérioration de la qualité de l'air. Pour contrer cette tendance, des initiatives comme celles de Spiro, qui promeut des véhicules à faible émission, sont essentielles.

Spiro : Une réponse à un besoin urgent

Depuis sa création, Spiro a misé sur l'électrification de la mobilité, en s'appuyant sur son expérience acquise en Inde. En un peu plus d'un an, l'entreprise a réussi à établir des opérations non seulement au Bénin et au Togo, mais également en Ouganda et au Rwanda. Leur modèle économique repose sur des stations d'échange de batteries, qui permettent aux utilisateurs de remplacer rapidement une batterie déchargée par une batterie pleine, rendant ainsi l'utilisation des motos électriques plus accessible.

Modèle économique innovant

Les motos électriques de Spiro, dont le prix varie de 1600 à 2400 dollars, peuvent sembler coûteuses par rapport aux salaires mensuels moyens (600 dollars au Bénin et 900 dollars au Togo). Cependant, l'entreprise a mis en place des options de financement attractives via sa filiale Spiro Capital. Cela inclut un système de paiement à l'usage, qui permet aux conducteurs de taxis d'acquérir une moto électrique sans payer la totalité du montant initial. Selon Jules Samain, PDG de Spiro, cette stratégie permet aux chauffeurs de taxi de réaliser des économies significatives sur les frais d'entretien, augmentant ainsi leurs revenus de 15 à 20 %.

Des partenariats publics prometteurs

Le succès de l'implantation de Spiro au Bénin et au Togo est également dû à la volonté des gouvernements locaux de promouvoir la mobilité électrique. Des mesures telles que la réduction des droits de douane sur l'importation d'équipements de mobilité électrique montrent un engagement clair envers un avenir plus durable. Spiro a également établi des relations solides avec les gouvernements, garantissant un environnement favorable pour ses opérations.

Ambitions de production

Actuellement, les motos de Spiro sont assemblées en Chine, mais d'ici 2024, les nouvelles usines au Bénin et au Togo devraient produire respectivement 1000 motos et 2000 batteries par jour. Samain a affirmé que ces usines joueront un rôle clé dans la fourniture de batteries pour tous les opérateurs de mobilité électrique dans les pays où elles sont implantées. En outre, il envisage de transférer des technologies afin de réduire la dépendance à l'égard des importations.

Conclusion

Avec une ambition de déployer 140 000 motos supplémentaires en Ouganda dans les cinq prochaines années, Spiro se positionne comme un acteur incontournable dans le paysage des véhicules électriques en Afrique de l'Ouest. Bien qu'il existe encore des défis, notamment en matière de chaînes d'approvisionnement locales, les initiatives de Spiro pourraient bien ouvrir la voie à une adoption plus large des véhicules électriques sur le continent.